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La tentation des cahiers en unschooling pour se rassurer: fausse bonne idée!




Vous êtes intéressé par le unschooling? Vous avez lu des livres, vous êtes sur un groupe de discussion, vous lisez des blogs qui vous inspirent...Vous avez peut-être même un peu commencé en essayant de lâcher-prise sur pleins d'affaires (ou vous avez choisi ce que vous appelez le unschooling dans presque tout)...À l'exception d'un cahier de français et de mathématique, juste un peu...juste la base pour me rassurer! Les cahiers sont votre nouille de piscine (blague pour vous faire penser à l'été :P ), votre assurance contre le terrorisant hypothétique scrappage d'avenir de vos enfants! Voici une anecdote qui vous fera peut-être réfléchir à l'utilisation de ces fameux cahiers (dans un contexte où vous voulez vous déscolariser pour aller vers le unschooling)! J'ai définitivement fermé les cahiers chez nous il y a plus de neuf ans maintenant. Je me considère pas mal déscolarisée (bien que je crois qu'être déscolarisée veut dire être comme une alcoolique qui ne boit pas depuis plusieurs années...L'éducation m'a marquée pour la vie et certains conditionnement viennent me narguer et me tenter régulièrement, ça ne finira jamais vraiment). Je ne vous raconterai pas comment j'ai vécu les premiers mois qui ont suivi le nouveau règlement de 2019...Mais disons qu'en septembre, j'avais décidée de me débarrasser de la paperasse le plus efficacement possible et j'ai créé un genre de planificateur pour m'éviter de passer des heures là-dessus chaque semaine (je vous en reparle cet été). Une de mes stratégies a été d'acheter des cahiers «conformes» au PFEQ, afin d'utiliser la table des matières comme liste de notions à voir et les exercices du cahier comme d'une explication concrète pour moi de la notion (parce-que hein, des fois le langage scolaire semble avoir été écrit par un astrophysicien sur un high de cannabis...Pas que je sache l'effet que ça fait là...). L'automne dernier, alors que je prenais des notes pour les bilans de mi-parcours, je regardais les pages du cahier de mathématique de 3e année et je me suis dis que ça ne serait pas grand chose de demander à ma fille de faire quelques activités ici et là afin de garnir le portfolio...Je lui ai expliqué le travail que j'avais à faire pour la DEM et lui ai demandé si elle voulait me rendre service! Elle a accepté. Donc me voici avec ma page de cahier (activité en lien avec une notion qu'elle a déjà vu dans son quotidien mais pour laquelle je n'avais pas de trace tangible autre qu'une photo). L'activité consiste à aider une fourmi à retourner chez elle...Il y a deux chemins et l'enfant doit mesurer les sections des chemins avec une règle, additionner les résultats et indiquer lequel est le plus court. Ma fille fait l'activité (trouve ça pas mal con d'ailleurs...). Fin de l'histoire. Il n'y a pas longtemps (plusieurs mois plus tard donc), je suis en train de travailler sur son portfolio...Ma fille voit sur mon écran la fameuse page du cahier avec son prénom dessus (qu'elle a écrit elle-même) et me demande; -Qu'est-ce que c'est maman? Comment ça se fait qu'il y a mon nom là-dessus? Je lui réponds que c'est une page qu'elle a fait il y a quelques mois...Elle est totalement perdue, cherche dans sa mémoire et ne se souvient d'absolument rien! Je lui parle des mesures avec la règle...Elle se souvient du projet Minecraft fait avec son frère, où elle a tracé des lignes au pif pour faire les cases du plateau de jeu et que c'était tout croche. Elle se souvient que je lui ai montré comment utiliser la règle pour tracer et mesurer! Mais la fourmi...Néant. Dites moi maintenant à quoi ça sert de mettre ce genre de trace dans le portfolio (ou autres documents destinés à prouver les apprentissages de nos enfants)? Même si notre agent de suivi demande des cahiers ou traces «écrites», notre responsabilité est l'éducation de notre enfant et l'enseignement du PFEQ, quelle que soit la façon dont nos enfants voient les notions! Je me retrouve donc à avoir (une fois de plus) la confirmation que les apprentissages dans des contextes artificiels (qu'ils soient ludiques et colorés n'y change rien) imposés à l'enfant pour aucune autre raison que de rassurer le parent (ou le prof, la grand-mère, l'agent de la DEM, le ministre, la société, etc) est au mieux inefficace...Et au pire dommageable! Je n'ai pas envie que ma fille apprenne à faire des choses qui ne l'intéresse pas simplement pour faire plaisir aux autres (ou leur facilité la vie)...Et encore moins qu'elle en vienne à croire que c'est inévitable dans une relation! Apprendre est un acte volontaire qu'on fait par choix, par besoin, par intérêt (tiens je vais peut-être faire de cette phrase un t-shirt hé! hé!)! Et c'est dans ce contexte que les apprentissages marquent la mémoire de l'enfant ! Le unschooling est probablement l'environnement le plus efficient pour les apprentissages de l'enfant (et pour pleins d'autres aspects de la vie...Mais ça, ce sera pour un autre article)! Bien sûr le unschooling demande du travail de la part du parent dans le contexte de la loi au Québec...Mais je choisis de continuer dans cette voie malgré la tâche supplémentaire que cela me mets sur les épaules! Je vais donc refermer les cahiers...Encore une fois! :)

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