Mythes et idées reçues sur les apprentissages libres

Cela fait onze ou douze ans que nous pratiquons les apprentissages libres - ou unschooling- chez nous et quelques années de plus sans école (où nous reproduisions au départ l'école dans notre maison). J'en ai entendu des histoires sur ce qu'«est ou n'est pas» le unschooling! En voici quelques exemples;
- Tes enfants font des cahiers donc tu ne fais pas de unschooling; - Tu ne laisses pas ton enfant cracher sur la caissière à l'épicerie alors ton enfant n'est pas vraiment libre (lu sur le groupe de l'AQED membre il y a quatre ans...J'en suis encore un peu traumatisée); - Tes enfants n'ont pas le droit de manger dans le salon donc tu ne pratiques pas les apprentissages libres; - Tes enfants ont des règles à respecter dans la maison donc vous n'êtes pas unschoolers;
- Tu proposes et organises plein d'activités (ou achète plein de matériel scolaire) pour tes enfants donc ils ne sont pas vraiment libres dans leurs apprentissages;
- Tes enfants n'ont pas vraiment le choix de vivre en ville (ou en campagne) ou de suivre votre rythme de vie familial donc ils ne sont pas vraiment libres. Pour en savoir plus, je vous invite à lire mes articles Introduction au unschooling et Qu'est-ce que le unschooling?
D'abord, la plupart du temps, ces préjugés viennent de gens qui ne connaissent pas bien le unschooling. Certains sont malintentionnés: ils ont tellement peur des choix différents des leurs qu'ils ressentent le besoin de rabaisser ou de répandre des faussetés. Ça existe. Maintenant que c'est dit, il y a également les préjugés bien-intentionnés, ceux qui proviennent d'inquiétudes pertinentes, d'un sentiment de curiosité ou de surprise (habituellement formulés sous forme de questions plutôt que sous forme d'affirmations). J'en ai eu de ces préjugés. Des préjugés tellement ancrés que je me suis dit que c'était impossible que quelqu'un puisse me convaincre du contraire...Et pourtant! Me voici! :) Il y a aussi le fait que les apprentissages libres semblent tellement différent d'une famille à l'autre! C'est que ce n'est pas ce que les enfants apprennent ni comment ils apprennent ni avec quels outils ils apprennent qui fait les apprentissages libres. C'est l'attitude de confiance du parent et l'accompagnement sous forme de mentorat! Donc un enfant de neuf ans qui vient d'être retiré de l'école, qui a vécu les neufs premières années de sa vie dans une relation de contrôlant.e - contrôlé.e avec son/ses parent.s, même si on lui laisse tout à coup le choix de faire des mathématiques dans un cahier ou avec un jeu, ne fera probablement pas un choix libre et éclairé. Il a été éduqué à faire ce qu'on lui demande, il a été punit en cas d'opposition et récompensé en cas de conformité. On lui a dit qu'il ne savait pas ce qui était bien pour lui, que ce sont les adultes qui le savent. On ne lui a pas fait confiance...Quand aura-t-il appris à SE faire confiance? Il choisira peut-être le cahier par peur (de ne pas faire le bon choix, de décevoir, etc.). Alors qu'un enfant à qui on a demandé l'avis depuis qu'il est tout petit (peut-être même depuis qu'il est bébé), à qui on a fait confiance, à qui on a laissé du temps et de l'espace pour expérimenter et se faire ses propres conclusions, à qui on a pas transmis (ou le moins possible) nos attentes et préjugés sur toutes sortes de choix (nourriture, sommeil, apprentissages plus importants que d'autres, outils d'apprentissages, etc.) et à qui on offre un cahier de mathématiques, se sentira certainement assez en confiance pour dire non...Ou pour dire Oui (ou pour en faire une page en deux minutes et ne plus l'ouvrir jamais ou pour transformer le cahier en collection d'avions en papier)! Alors vivre le unschooling, c'est simplement avoir cette attitude de confiance et d'accompagnement envers son enfant au sein d'une relation de confiance (et une relation de confiance, cela ne se crée pas en quelques semaines). Est-ce qu'on laisse un enfant cracher sur une caissière à l'épicerie? D'abord, je doute fortement qu'un enfant aimé et respecté aura ce genre de comportement. Et si, par exemple, pour des raisons de santé mentale de l'enfant cela arriverait, BIEN SÛR QUE NON, ON NE LAISSE PAS SON ENFANT ÊTRE IRRESPECTUEUX OU VIOLENT (oui, je crie...Pour les gens en arrière). On ne laisse pas l'enfant se pitcher soudainement dans la rue ou jouer seul dans le bain à un an...Tsé, le gros bon sens! Voici quelques autres mythes expliqués sur le unschooling;
Mythe: En unschooling, l'enfant se couche quand il veut. Pas nécessairement. Il y a des questions de respect des autres. Par exemple, à une certaine époque, mon conjoint partait travailler à 5h30 du matin et se couchait donc tôt; la maison n'était pas assez grande pour que les enfants puissent jouer sans l'empêcher de dormir. Donc, quand papa allait dormir, tout le monde devait aller dans sa chambre en silence. Mes enfants étaient petits donc je restais avec eux pour les accompagner vers le sommeil, en proposant des activités calmes qui pouvaient se faire en chuchotant (lecture par maman, jeu de carte, se raconter des histoires, faire des ombres sur le mur ou encore se faire une cabane et s'éclairer avec une petite lampe de poche, etc.). Même si j'étais fatiguée, j'étais couchée avec eux dans le lit et parfois je m'endormais avec eux (ou même avant eux). Le point important ici, c'est que j'essayais de ne pas avoir de règles arbitraires et je laissais les enfants expérimenter leur propre fatigue et limites, tout en les accompagnant et en m'assurant que chacun dans la maison soit respecté dans ses besoins. Ce n'était pas des années faciles pour moi; mais aujourd'hui, mes enfants ont tou.te.s de saines habitudes de sommeil qu'ils ont acquis de manière autonome. C'est l'objectif; laisser l'enfant s'approprier ses propres apprentissages!
Mythe: Le unschooling est impossible avec la DEM (Direction de l'enseignement à domicile au Québec)
La loi sur l'instruction publique du Québec nous oblige à suivre le programme de formation de l'école québécoise donc il y a des contraintes importantes à la liberté éducative. Mais qu'est-ce qu'un parent unschooling fait (exemples) lorsqu'ils fréquentent une piscine publique et que le parent est responsable de faire respecter les règlements de l'établissement? Ou une bibliothèque? Ou la salle d'attente d'un hôpital? Ou lorsqu'ils sont en visite chez des amis? Ou lorsqu'ils voyagent en voiture et que les enfants doivent s'assoir dans un siège conforme et porter une ceinture de sécurité? La liberté en unschooling n'implique pas de ne pas respecter les lois. Je vous l'accorde, cette DEM nous complique la vie, mais puisqu'on ne nous impose pas encore les méthodes d'apprentissage, il y a encore moyen de moyenner comme disait ma grand-mère. Je vous invite à lire mes articles sur comment gérer nos obligations légales au Québec; Suivi avec la DEM en unschooling Traduction des apprentissages libres en langage scolaire Unschooling, secondaire et paperasse
Mythe: Le unschooling ne fonctionne pas avec tous les enfants. Le unschooling est une attitude de confiance envers l'enfant et un accompagnement bienveillant qui s'adapte aux besoins spécifiques de l'enfant. Est-ce que c'est possible que pour certains enfants, cela ne fonctionne pas? Je ne vois pas comment ce serait possible. Parfois, le parent n'arrive pas à faire confiance et à être bienveillant pour toutes sortes de raisons (peurs du jugement, faible estime de soi, problèmes de santé mentale, croyances, conjoint.e avec des vues opposées sur l'éducation, etc.). Donc c'est possible que le unschooling ne convienne pas aux parents, mais chaque enfant peut en bénéficier!
Vous avez aimé cet article ou avez des questions? N'hésitez pas à laisser un commentaire sous l'article! Je vous invite également à écouter le podcast Indompté.e sur le unschooling et l'éducation bienveillante, ici!